Présentée par une amie, véritable as en matière de séries TV, Misfits est jusqu’ici une des séries dont le souvenir me reste agréable malgré de nombreux défauts tout du long. L’univers singulier créé par Howard Overman avait fait sensation dès la diffusion de la saison 1 en 2010 en enchaînant nominations et taux d’audience record, à tel point que la Warner Bros et Schwartz’s Fake Empire ont racheté les droits de la série en 2011 pour faire un remake américain (argh…), actuellement en production.
Pouvoir. Suite à un orage qui a frappé la ville, beaucoup d’individus et notamment les cinq adolescents condamnés à des travaux d’intérêt général dont nous suivons les péripéties, se retrouvent dotés de pouvoirs en lien avec leur histoire personnelle (Simon qui se sent invisible finit par le devenir, Aisha aime plaire et peut donc séduire les hommes seulement en les frôlant, Curtis espérant quant à lui remonter le temps pour éviter de se faire prendre pour possession de drogue, Seth ancien dealer de drogue, deale des pouvoirs). Malheureusement le parallèle entre le pouvoir des individus et leur passé respectif est moins mis en avant par la suite avec davantage de personnages qui font surface, limitant l’approfondissement des principaux.
L’orage a donc déclenché toute une panoplie de pouvoirs, plus insolites les uns que les autres. Il est clair que les scénaristes ont pris plaisir à les attribuer, certains étant franchement farfelus! Que dites vous d’un palmarès des pouvoirs (totalement subjectifs)?
- Le meilleur : Voler, évidement!(possédé par Sam, épisode 2 saison 5)
- Le pire : la lactokinésie dans l’épisode 6, saison 2. Si vous avez une intolérance aux produits laitiers, ne regardez jamais cet épisode. Sincèrement, vous allez gerber !
- Le plus utile : pour être réaliste, le pouvoir de guérison (Daisy, épisode 6 saison 2), quitte à se salir les mains (cf. Nathan qui lui demande de le guérir d’une IST)
- Le plus inutile : se transformer en tortue.
- Le plus WTF : enlever le pouvoir des autres en les baisant, qu’ils soient consciencieux ou non. Et ce, même dans les airs (cf le dernier épisode).
- Le plus tragique : retourner les choses (y compris la peau, ce qui est assez glauque) ou s’attirer des accidents (mais bon, vu ma chance en temps normal, vaut mieux que je passe mon chemin).
Meurtre. Les délinquants de la saison 1 commettent le meurtre originel et ouvrent de fait la voie à une succession d’autres. En effet, leur éducateur spécialisé souffrant de pulsions nerveuses devient, suite à l’orage, incontrôlable. Les cinq délinquants n’ont donc d’autres choix que de le tuer pour éviter de finir comme leur sixième compère qui aura décidément eu une très brève gloire à l’écran. Et cela se répétera sur les quatre autres éduc’ spé qui se chargeront d’eux (le 2nd meurt suite à une dissension avec Simon, le 3ème se fait poignarder involontairement par Kelly dans un état comateux, le 4ème fera une apparition encore plus courte que le délinquant n°6 en se faisant mordre par une meute de pom pom girls zombies). Seul le cinquième survit (Alléluia !). C’est vraiment ce qui m’a le plus marquer dans Misfits : la banalisation du meurtre. Tuer devient un acte anodin et c’est la répétition de ces scènes qui rendent en grande partie la série comique car totalement irréaliste: les délinquants ne s’étonnent même plus de leurs actes (dans le dernier épisode notamment), et s’installe rapidement une routine. Plus de stupeurs ni de causettes après un meurtre, on va chercher les pelles, on creuse, on ensevelit le corps et puis s’en va. Le seul souci qui se profile à l’horizon est que le bois environnant voit sa place libre se réduire drastiquement, ce qui n’est pas de bonne augure pour l’enterrement des futurs victimes (faudrait peut-être penser à incinérer les corps à ce moment là…).
Casting. Je ne connaissais aucun acteur en débutant la série, mais j’ai ouï dire que Iwan Rehon (Simon) était un habitué de Games of Thrones (que je n’ai pas vue, ne me tapez pas sur les doigts !) et que Robert Michael Sheehan (Nathan) y avait également fait une brève apparition.
Outre cela, j’ai trouvé que les rôles avaient vraiment été bien distribués, chaque visage reflétant d’emblée la personnalité du personnage (un grand big up pour pour Lauren Socha qui interprète Kelly Bailey!).
J’ai été cependant relativement déçue par le fait que l’acteur Robert Michael Sheehan, incarnant Nathan à l’écran, ait disparu au détour de la saison 3 pour être finalement rapidement remplacé par un connard du même acabit, Rudy (Joseph Gilgun).
Personnages. Souvent vulgaires, certaines scènes mettent mal à l’aise et on prie pour que notre route ne croise jamais la leur (ne serait-ce que pour favoriser nos chances de survie). Loin d’être intrinsèquement mauvais, les personnages ont cependant tous un penchant autodestructeur et anarchique, forçant leur solitude. Heureusement qu’au fil des épisodes, ils deviennent un peu plus matures et attachants(si si, un tout petit peu vous dis-je!).
Mais je crois que le plus comique dans cette affaire, c’est qu’ils puissent s’imaginer former une équipe de super-héros alors qu’ils ont sur la conscience plus de sang que la majorité des criminels. M’enfin, on peut toujours se recycler… La Suicide Squad l’a bien prouvé.
En bref. C’est une série que j’ai littéralement dévorée (5 saisons en 2 semaines durant les cours, voyez un peu ça !). Pour résumer Misfits en une seule phrase, ça donne ça : une excellente première saison qui démarre sur les chapeaux de roues et puis ensuite y’a tout le reste… Les saisons se dégradant petit à petit et chacune peinant à relever le niveau de la précédente. Mais il y a des plaisirs coupables et Misfits en fait partie. Et quand bien même ça devient vite longuet, répétitif et lourd, l’intrigue vaut le détour!
[Diffusée de 2009 à 2013 en VO, Misfits comporte en tout cinq saisons, 37 épisodes au total, d’environ 45 minutes chacun.]